Profane #19
Un esprit insulaire flotte dans ce numéro. Bien sûr, l’évocation de parcours de vies dans des îles, des Cyclades aux Baléares, travaille à cet état. Le heureux hasard nous a mené vers ces ailleurs doués pour l’idéal, propices à l’élaboration de rituels à soi, à une forme de détachement souverain face au continent gris. On respire un peu. Trois sujets dans le clapotis des rubriques, c’est peut-être trop peu pour éclairer un phare et pourtant une question nous vient : mais qu’est-ce qu’une île ? La surface d’un ring surmontée d’une mezzanine transformée en atelier de peinture dans une salle de boxe de quartier peut-elle s’en approcher ? L’enceinte sans murs de la première école Freinet à Vence à la pédagogie libre et alternative ? Une simple feuille blanche de papier ? La période du confinement lorsqu’elle a pu être propice à exercer un imaginaire, sculptural ou cinématographique ? Le promontoire que représente un arbre à chat ? Et une maison, riche d’un passé, promise à une nouvelle occupante ? Tout ce qui a des bords visibles à l’intérieur desquels il reste cependant possible de cultiver une forme de liberté – c’est la condition – pourrait intégrer une famille élargie ilienne. La nôtre. Elle nous appelle, elle est ce vers quoi nous tendons. Alors, on peut imaginer Profane comme un pont, occupé à relier des histoires, des récits, des expériences, des trajectoires, des manières d’être et de faire, comme autant d’îlots à découvrir, par l’exercice d’une curiosité. Un pont, des îles forgées par l’envie. Une vision que nous avons envie de chérir en ces moments de replis, de dénis, de cassures, de coupures. Celle d’un archipel évolutif et vivant.
- 242 pages
- 15,5x23cm
- Français
- 2024