Audimat #20
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Musique de jeunes
Dans cet article tiré de sa présentation lors d’une journée d’étude à l’École cantonale d’art de Lausanne dédiée à l’histoire et aux figures de la jeunesse, Guillaume Heuguet montre comment l’histoire des musiques populaires est organisée autour de logiques de générations relativement artificielles, mais il cherche aussi à approcher les conditions donnant leur poids à ces représentations et les plus ou moins bonnes raisons pour lesquelles on s’y investit parfois. Il entend ainsi explorer autant l’intérêt que le malaise suscités chez lui par la façon dont les médias rendent compte d’une opposition entre les «boomers» et la jeunesse actuelle.
Les premiers auraient squatté la contestation et se seraient arrogé depuis les années 1960 l’exclusivité de la rébellion, en assimilant la jeunesse à une attitude de refus des valeurs adultes — un point de vue qui mérite d’être nuancé — tandis que la seconde vivrait dans des conditions et avec des perspectives autrement plus difficiles, et aurait donc d’autres chats à fouetter. Une lecture un peu plus approfondie non seulement des productions musicales de ces dernières années, mais aussi des luttes de notre époque laisse se dessiner un tableau peut-être plus optimiste des relations intergénérationnelles.
Les premiers auraient squatté la contestation et se seraient arrogé depuis les années 1960 l’exclusivité de la rébellion, en assimilant la jeunesse à une attitude de refus des valeurs adultes — un point de vue qui mérite d’être nuancé — tandis que la seconde vivrait dans des conditions et avec des perspectives autrement plus difficiles, et aurait donc d’autres chats à fouetter. Une lecture un peu plus approfondie non seulement des productions musicales de ces dernières années, mais aussi des luttes de notre époque laisse se dessiner un tableau peut-être plus optimiste des relations intergénérationnelles.
Emo Story
Adrien Durand réfléchit à l’étrange trajectoire de la musique emo, à la façon dont elle a nourri sa propre vie et alimenté ses réflexions. Cette histoire personnelle de l’emo est autant une lettre d’amour à l’exigence et à la flamboyance de la scène hardcore des origines, qu’une méditation sur la façon dont elle s’est transformée vers une certaine incarnation de la masculinité fragile, oscillant souvent entre l’exploration passionnée d’une subjectivité rebelle et l’autovictimisation la plus toxique. Cet exercice d’introspection du goût, finalement un geste emo par excellence, montre comment l’on n’échappe pas si facilement à ses obsessions de jeunesse, quel que soit le mal qu’elles nous font ; mais c’est peut-être aussi une manière de réparation.
Les chants du stade
Cet article est à double détente. Vous commencerez peut-être à le lire comme nous, heureux de découvrir ou reparcourir l’histoire des chants de supporters de foot en langue française, la multitude de leurs inspirations, les objectifs plus variés qu’il n’y parait qu’ils servent dans les stades. Mais vous y lirez aussi comment s’y négocient les ambiguïtés qu’il y a à se rassembler et s’époumoner autour d’un club, certes, mais souvent aussi une ville et un pays. Où s’arrête la fierté d’une histoire, et où commence le chauvinisme ? Là où d’autres voient la foule abrutie, comment s’exprime au contraire un certain sens de la communauté ? La conjoncture du moment radicalise ces questions. Dans les stades comme ailleurs, dès que résonne une certaine autonomie populaire, on entend aussi s’avancer la répression.
Disco & discipline
Dans cet article pionnier datant de 1994, l’universitaire de Princeton Walter Hughes reprend le flambeau de la défense de la musique disco, que personne n’avait plus véritablement soulevé depuis l’article célèbre de l’intellectuel socialiste gay Richard Dyer « In Defence of Disco » (1979). Une telle volonté de légitimation peut aujourd’hui nous paraître décalée tant ce genre a infusé dans la culture populaire et est devenu l’objet de cultes, de rééditions multiples (de l’italo disco à Patrick Cowley), et de reprises, sous une forme parfois bien diluée, dans de nombreux hits de variétés. Mais en affirmant l’importance du plaisir disco, Hughes s’intéresse aussi et surtout à une grande question qui allait traverser toutes les années 1990, annoncée par la fameuse compilation EBM de chez Mute en 1991, Tyranny of the beat, dont les notes de pochettes parlaient d’une société sous la « loi martiale du rythme » et d’un « couvre-feu disco ». La dialectique entre soumission et libération suscitée/imposée par une musique machinique et répétitive, avec ses dimensions sexuelles et idéologiques, est encore au cœur des expériences et des discours sur la house et la techno.
- 138 pages
- 17,5x11cm
- French
- 2023
- Éditions Audimat