Partant d’une analyse psychanalytique liée au questionnement de la présence de souvenirs traumatiques dans l'enfance, ce projet d’autoportraits quotidiens explore les notions de voyeurisme, d’intimité et de désir en lien à une identitée queer.

Pris sur un mode intuitif, dans une pratique méthodique rappelant celle d’un Roman Opalka, ces autoportraits sont pensés comme autant de portes d’entrée vers l’élucidation d’un rapport ambigu à soi, entre proie et prédation. 

Au fil des pages, ces portraits où le modèle apparaît en proie à une caméra donc le regard semble n'avoir de cesse de le déshabiller, se révèlent n'être en fait que le fruit d'une savante mise en scène orchestrée par le modèle lui-même, dans une volonté de mettre à nu et questionner les rapports de force intrinsèques à toute relation photographe-modèle et, par extension, à tout rapport de désir homosexuel. Par l’entremise de l’autoportrait, ces-derniers sont enfin renversés, interrogeant la place du sujet vu et désiré. S’inscrivant dans l'héritage d’œuvres telles que Blow Up de Michelangelo Antonioni ou de L'Image fantôme d'Hervé Guibert, l'ouvrage explore comment l'appareil photo se fait ultimement l’antichambre de questionnements plus larges du désir, du consentement, et de la violation, imagée comme physique, de l’intimité.