Profane #10
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par
Numéro 10
227 Pages
15,5x23cm
2020
Lundi 23 mars à Paris, deuxième semaine de confinement pour faire face à l’épidémie du virus Covid-19. Instant de lecture du blog quotidien de l’auteur Éric Chevillard, l’Autofictif. Parmi les trois courts billets du jour, celui-ci : « Je viens de commencer une collection de poignées de portes. Je peux passer des heures à manier les pièces nouvellement acquises, moites encore souvent des mains qui les ont utilisées, et il m’arrive même, je le confesse, de dormir avec. » Jubilation discrète. La perche ainsi tendue, et faisant exceptionnellement fi des précautions barrières par le miracle de l’imagination, qu’il soit le bienvenu parmi nos collectionneurs. L’hardi glaneur d’élastiques à cheveux trouvés dans la rue l’attend dans ces pages (p. 68). Collectionneurs d’enveloppes administratives ouvertes (p. 82), de pots à laits et de pots à biscuits (p. 20), de pagnes africains (p. 98), ils sont nombreux dans ce dixième numéro, et forment une même famille, habituée à la distance certes, mais unie dans la quête de déités modestes (p. 58).
Ailleurs, de vraies familles rassemblées sous un même toit, des personnes seules aussi, viennent de vivre un même jour reconduit, qui n’est pourtant pas un dimanche ni un moment de vacances. C’est un temps inconnu. Disponible et pourtant contraint, à vivre dans un espace restreint et précis. Inédit. « Aimeriez-vous qu’il soit tous les jours dimanche ? » avons-nous coutume de demander ici (p. 156). Cette question, manière pour nous de souligner la séparation actée entre travail et loisirs, création et consommation, métier et occupation, résonne aujourd’hui différemment. Le temps connu, repéré, qui rythme un modèle de société de croissance a vacillé, et avec lui, les représentations collectives et individuelles afférentes. L’idée du « non essentiel » a surgi à l’intérieur même de la sphère professionnelle quand le temps est devenu cette matière étrange avec laquelle composer. Bien futiles considérations, au regard de l’enjeu sanitaire mondial, mais qui vont peut-être façonner un nouveau rapport au réel.
227 Pages
15,5x23cm
2020
Lundi 23 mars à Paris, deuxième semaine de confinement pour faire face à l’épidémie du virus Covid-19. Instant de lecture du blog quotidien de l’auteur Éric Chevillard, l’Autofictif. Parmi les trois courts billets du jour, celui-ci : « Je viens de commencer une collection de poignées de portes. Je peux passer des heures à manier les pièces nouvellement acquises, moites encore souvent des mains qui les ont utilisées, et il m’arrive même, je le confesse, de dormir avec. » Jubilation discrète. La perche ainsi tendue, et faisant exceptionnellement fi des précautions barrières par le miracle de l’imagination, qu’il soit le bienvenu parmi nos collectionneurs. L’hardi glaneur d’élastiques à cheveux trouvés dans la rue l’attend dans ces pages (p. 68). Collectionneurs d’enveloppes administratives ouvertes (p. 82), de pots à laits et de pots à biscuits (p. 20), de pagnes africains (p. 98), ils sont nombreux dans ce dixième numéro, et forment une même famille, habituée à la distance certes, mais unie dans la quête de déités modestes (p. 58).
Ailleurs, de vraies familles rassemblées sous un même toit, des personnes seules aussi, viennent de vivre un même jour reconduit, qui n’est pourtant pas un dimanche ni un moment de vacances. C’est un temps inconnu. Disponible et pourtant contraint, à vivre dans un espace restreint et précis. Inédit. « Aimeriez-vous qu’il soit tous les jours dimanche ? » avons-nous coutume de demander ici (p. 156). Cette question, manière pour nous de souligner la séparation actée entre travail et loisirs, création et consommation, métier et occupation, résonne aujourd’hui différemment. Le temps connu, repéré, qui rythme un modèle de société de croissance a vacillé, et avec lui, les représentations collectives et individuelles afférentes. L’idée du « non essentiel » a surgi à l’intérieur même de la sphère professionnelle quand le temps est devenu cette matière étrange avec laquelle composer. Bien futiles considérations, au regard de l’enjeu sanitaire mondial, mais qui vont peut-être façonner un nouveau rapport au réel.