“CATARACTA SOLIS est une série photographique au long cours construit au fur et à mesure des déplacements d'Anna dans le pourtour méditerranéen. Ce projet, mélangeant différentes séries et différents espaces comme la Corse, la Sicile et le Maroc, allie des considérations intimes et politiques.

Durant ce travail, Anna Haillot vit dans le Limousin, territoire situé au cœur de ce qu’on appelle la diagonale du vide. Cet endroit, opposé au monde méditerranéen, lui donne le recul nécessaire afin de capter les paradoxes, les fantasmes et croyances cultivés par le tourisme de masse qui enveloppe la Méditerranée. Une brèche s’ouvre alors dans la quête de compréhension et d’interprétation de ce pourtour : celle d’un soleil calcinant plutôt qu’agréable, d’un cauchemar brûlant plutôt qu’une « farniente » perpétuelle. La mer montante, les naufrages et naufragé-es de l’exil, les tempêtes rares mais destructrices, la surveillance grandissante, les paradis artificiels, et les inégalités économiques et sociales, prennent le pas sur cet imaginaire ardent baigné d’une eau scintillante fabriqué sur les cartes postales. Cette quête devient alors une obsession dont elle n’arrive pas à se détacher - étant à la fois submergée par sa beauté manifeste et bouleversée par son « tragique solaire », elle cherche à retrouver cet espace dans chaque chose, chaque vivant-es, chaque ambiance, partout où elle se rend. Consciente du fait que les littoraux sont des territoires menacés, Anna Haillot éprouve le besoin nostalgique de fonder ses propres archives d’un espace qui est amené à disparaître. En l’abordant par des notions telles que la mémoire et l’oubli, le déracinement et la fuite ; et traversé par une certaine solastalgie (tristesse liée à des changements climatiques), elle tend à montrer cet espace de la manière dont elle le ressent : d’une manière grave, fantomatique, maladive et sublime.